lundi 30 mars 2015

Workshop au Portugal


« Des traces, des signes laissés à la surface du sensible
du bout des doigts, du bout des bras »

Nathalie Poisson-Cogez

« La dimension tactile, le moment où le contact a lieu, cet instant qui trace et mémorise la rencontre du papier, du mur et de la main, du corps tout entier; la dimension éphémère de la performance où l’artiste opère sur le monde avec les outils ou les gestes du dessin et pose la question
d’un échange entre corps, mouvement, support et résultat »

                                                                                        Roven

Le dessin, entre puissance et limites
En quoi le dessin permet-il à l'artiste qui parcourt une surface de papier de se confronter aux limites de son propre corps ?
Comment le dessin permet-il une appréhension singulière du support matériel sur lequel il s’inscrit et par delà, de l'espace dans lequel l’acte de dessiner se déploie ?

Ce stage se propose d’explorer la place du corps et son rapport au support papier dans l’acte de dessiner au travers de la question de la limite.  
La limite comme contour, comme délimitation d’un espace, de l’espace du corps, de l’espace entre les corps.  La limite comme extrémité d’un geste (le point le plus éloigné possible) mais aussi, la limite comme point d’épuisement d’un matériau (support papier) ou d’une force, d’une énergie (celle du corps en mouvement)… Ce qui nous permettra dès lors d’explorer la question de la puissance dans l’acte de tracer, dessiner.

Le stage se présente comme un laboratoire d’expériences qui, au fil des exercices proposés, permet de prendre conscience des multiples capacités physiques du corps (proprioception, tonicité, force, explosivité, amplitude, répétition, résistance…) à produire une action de tracer.  Il permet également d’appréhender l’étendue des propriétés physiques du support papier (texture, ductilité, résistance, résilience du matériau…) et de voir comment l’acte même de tracer peut interroger les propriétés de ce support en mobilisant ses forces corporelles (traction, friction, torsion, compression, transpercement…).
Les tracés réalisés sont dès lors le reflet non seulement du caractère très singulier du corps de chaque individu mais aussi de la façon dont chacun explore ses propres limites corporelles et celles du support dessiné.

En remettant le corps tout entier au centre de l’expérience du dessin, ce stage interroge donc particulièrement la dimension performative de l’acte de dessiner et permet de se demander comment action, dessin et résultat fonctionnent ensemble.
Il vise à faire prendre conscience aux participants que là où se produit véritablement le dessin, c’est dans cet espace qui se déploie entre le corps sensible en action et le support papier qui, tout autant que le corps, peut être considéré comme surface sensible.

Saskia WEYTS
Réjean DORVAL